Dans la Vallée de la Plaine, sur le versant occidental des Vosges, le concept de « force » est récurrent dans le discours sur le corps et la santé. La maladie est liée à un déséquilibre du sang régulé par la séquence purgatif-dépuratif-apéritif. Les remèdes végétaux ont aussi des actions circulatoire, régulatrice, adoucissante, extractrice, réchauffante, cicatrisante, colorative et abortive. Le caractère sauvage d'une plante est supposé être plus « fort » et sera donc davantage utilisé qu'une plante domestique. Les plantes « douces », contenant beaucoup de force et les « vénéneuses » sont les trois principales catégories mais le critère de familiarité influence cette classification. Les propriétés sensorielles des plantes indiquent aussi leur utilisation comestible ou médicinale. La cueillette, consommation et dosage respectent certaines règles...

C'est dans le champ de l'imaginaire que la poulation des Landes de Gascogne - confrontée à des changements de végétation qui ont bouleversé le paysage, l'organisation sociale et l'économie - a réussi à maintenir son identité : une filiation symbolique relie 3 couples emblématiques principaux (un homme + un animal ou une plante féminisé) dont chacun incarne à la fois une phase de l'histoire locale de l'environnement et un aspect du système de représentation dominant, à savoir celui de la reproduction. L'analyse des modalités de valorisation - ou de rejet - de certains usagers de l'espace contribue à l'élaboration d'un réseau de significations qui permet de comprendre le surgissement récent du chasseur dans le politique...

Le corps est à la fois un outil et une force de production et un moyen de représentation sociale. Pour la société rurale du Jura méridional (Bugey), le corps peut être atteint des maux du chaux (épistaxis et tension vasculaire), des maux du froid qui frappe et du froid qui tombe (maux de ventre, de dents, des yeux, des oreilles, des reins et rhumatismes) et des maux du sale (furoncles, orgelets, eczéma, verrues, etc). Le physiologique est la préoccupation centrale. L'organisme humain se constitue d'un corps externe (épiderme, membres, tête) et interne (système respiratoire et digestif). Deux logiques apparaissent : celle du chaud et du froid et celle du sec et de l'humide...

A partir d'une étude menée en Bresse de l'Ain, l'A. montre que le jardin potager est lié au corps, que la difficile classification des légumes révèle une juxtaposition d'éléments culturels différents, que les modes de préparation et de cuisson des légumes correspondent à une perception voulue du légume sur la table (l'assaisonnement qui transforme le légume cru, la cuisson à la poêle avec de la matière grasse, la soupe, les gratins, les sauces grises ou blanches, l'association légumes/viande, les tartes de légumes). L'analyse des discours sur les recettes, le choix et les conservations des produits montre les oppositions binaires froid/chaud, sec/humide, dur/tendre. Cette logique des différences conduit à la logique des références au corps physique, au corps social, et à l'environnement terrestre et cosmologique...

A partir d'enquêtes menées en Haute-Provence et en Grèce, l'A. montre que les cures de plantes dépuratives assurent non seulement un sang purifié mais aussi un corps sain, et une bonne circulation. Chez la femme, cette dépuration se fait naturellement lors des menstruations qui expulsent les mauvaises humeurs. Des pratiques préventives empêchent et soignent les maux de ventre à l'aide essentiellement de l'armoise. La pharmacopée féminine possède aussi des remèdes postnataux, régularisant les flux, l'allaitement, facilitant la ménopause ou provoquant l'avortement. Les menstruations sont entourées de nombreuses règles sociales, notamment des interdits...